• OTELLO

    AFFAIRE DOMINICI, "LA" QUESTION. par OTELLO.

    60 ans après, la résolution de l'affaire en vue... "LA VOIX DE L'INNOCENCE" 287 pages, à paraître en 2012.


    Ce nouveau blog, en cours de rédaction, lieu d'échanges convivial, aborde l'affaire criminelle la plus célèbre de toutes, mais d'une manière très différente. J'ai étudié avec passion cette affaire entre 1982 et 2012, sur trente années, en privilégiant l'étude du personnage: Jack Drummond. Qui était-il? Qu'avait-il fait? Quelle influence aurait-il eu sur l'économie de l'après-guerre? En résumé, qui avait-il gêné? Autant de questions qui ont motivé mon enquête, plutôt que m'éterniser sur une scène de crime à Lurs, qui n'a jamais révélé quoi que ce soit à personne. Vous trouverez dans ce blog un récit des faits et constats, établis sur les documents et témoignages reconnus. A l'inverse de beaucoup de récits plus longs, celui-ci laisse de côté de nombreuses suppositions et improvisations, pour ne retenir que les éléments certains. Vous pourrez ainsi vous faire une idée précise de l'action. Toutefois l'idée majeure de ce blog demeure le personnage de Jack Drummond. Les aveux de Gaston Dominici ont convaincu quelques-uns, laissé sceptiques beaucoup d'autres. Le procès en Assises qui le condamna n'apporta pas de réponses aux principales interrogations... Le vieil homme était-il le meurtrier de Sir Jack Drummond, Lady Ann, et leur fille Elisabeth ?


    La résolution de l'énigme de Lurs tient toute entière dans une seule question, la seule que je me suis posée, la seule qu'il aurait fallu poser jadis:

    "Pourquoi un savant de renom mondial, fortuné, séjournant habituellement dans les palaces ou les belles demeures

      de la French-Riviera, faisait-il les cent-pas à Lurs au bord de la nationale, à une heure du matin, le 5 Août 1952 ? "


    http://data0.eklablog.com/affaire-dominici-la-question/mod_article38244126_4f2c86cd567c7.jpg http://data0.eklablog.com/affaire-dominici-la-question/mod_article38244126_4f2c8734848bd.jpg


    6 commentaires
  •  

      


    " Je ne lui serai jamais assez reconnaissant, pour sa compétence et la coopération enthousiaste qu'il m'a apportées. La Nation lui doit beaucoup. "

    Lord Woolton


    Sir Jack Cecil Drummond est  né en  1891 à  Leicester, en Angleterre. Ce nutritionniste à la carrière exceptionnelle, est un homme brillant à de nombreux titres, grandes qualités humaines et professionnelles entre autres. Il fait ses études à l'Université de Londres, et y devient assistant de recherches en 1913. L'année suivante, il devient assistant de recherches au service biochimie d'un hôpital anti-cancéreux de Londres, à la direction duquel il accède en 1918. Professeur de biochimie à l'Université de Londres à partir de 1922, c'est en 1940 qu'il devient conseiller scientifique auprès du ministre du ravitaillement, Lord Woolton, poste qu'il laissera en 1946, pour devenir directeur de recherche chez Boots-Pharma Pure Drugs and co, le plus grand laboratoire pharmaceutique d'Angleterre. En 1952, il a encore des responsabilités à la Commission des normes alimentaires, Foods Standards Committee. Jack Drummond excelle dans son rôle de conseiller scientifique au ravitaillement, durant la seconde guerre mondiale. Le gouvernement britannique lui confie le rationnement de la population, il le gère si bien qu'il améliore la santé des Anglais, et fait diminuer le taux de maladies dues à la malnutrition, à la misère et au manque d'hygiène. Ce personnage courageux va même jusqu'à dépasser les lignes ennemies, pour acheminer vers des déportés, en Allemagne, un mélange nutritif liquide de son invention, destiné aux personnes ne pouvant plus ingérer des aliments solides, suite à de longues périodes sans nourriture. Il est ensuite sollicité par les gouvernements Français et Américains, pour une mission en collaboration avec la Commission de contrôle britannique en Allemagne occupée et en Autriche. Il représente son pays à la Conférence de Hot-Springs aux USA, et à la Conférence sur l'organisation du ravitaillement et de l'agriculture, au Québec en 1945. Commandeur de l'Ordre de Orange-Nassau, membre honoraire de l'Académie des sciences de New-York, Docteur Honoris-Causa de l'Université de Paris, Freedom Medal du Président des États-Unis avec palmes d'argent, une partie de la planète lui aura témoigné sa gratitude pour son œuvre au service de l'homme dans une période des plus tourmentées. En 1938 il co-écrit avec son assistante, Ann Willbraham, un ouvrage majeur sur les orientations à prendre en matière de santé et nutrition: "The Englishman Foods", et l'épouse en 1940. Le couple Drummond a un seul enfant, Elisabeth, en 1942. Ils habitent une villa à Nuthall, dans la ceinture de Nottingham, "Spencer-House". Cette famille aime la France, et y vient en touriste en 1952. Il semblerait fortement que Jack y soit venu auparavant en 1948, qu'il ait fait une halte dans les Basses-Alpes, (Alpes de Haute-Provence depuis 1971) mais cela n'est pas prouvé et n'intéresse pas mon étude. La connaissance de ce personnage était la seule chance de trouver le mobile de son assassinat, et aboutir à la résolution de cette affaire.


    A bientôt pour la suite...

     

    http://data0.eklablog.com/affaire-dominici-la-question/mod_article38244464_4f3d1c86e98dc.jpg http://data0.eklablog.com/affaire-dominici-la-question/mod_article38244464_4f3d1fe8af332.jpg


    votre commentaire
  • Voici quelques photos prises le 30/12/2011 sur les lieux de la tragédie, pour le cas où vous ne parviendriez pas à télécharger les photos des documents techniques.

    De gauche à droite:

    1-Le chemin en direction de la nationale.

    2-Le chemin en direction de la Durance.

    3-L'endroit de l'éboulement vu du pont.

    4-Le bord de route où était garée la Hillman.


     


    votre commentaire
  • D'autres photos des lieux, bien reconnaissables.

    De gauche à droite:

    1-Le pont.

    2-L'axe de la trajectoire de la balle qui a laissé un impact dans le pont, cette photo sera reprise dans le document technique de cette étude, pour montrer avec précision où se trouvait le tireur. Cette expérience est une première.

    3-La nationale où l'on voit la borne 32 près de laquelle gisait le corps de Jack.

    4-Le lieu de stationnement de la Hillman.

    5-L'impact de la balle dans le parapet du pont qui apparaît comme une trace légèrement saumonée et allongée à droite de la croix blanche.

    6-Le petit monument aux peluches entretenu à la mémoire de la petite Elisabeth.


    votre commentaire
  • 1952, DE NOTTINGHAM A VILLEFRANCHE-SUR-MER... ET UN BIEN CURIEUX RETOUR SUR DIGNE.


    Le 27 Juillet 1952 la famille Drummond débarque à Dunkerque, pour passer des vacances en France. Le 28 ils visitent Reims. Le 29, ils passent au village de Domrémy, d'où la petite Elisabeth envoie une carte postale à son institutrice de Nottingham. Le 30, ils couchent à Aix-les-Bains, pour rallier Digne le 31. Ils dorment ce soir là au Grand-Hôtel de Digne.

    Le lendemain matin, 1er Août, ils reprennent la route pour rejoindre leurs amis, les Marrian, qui sont arrivés une semaine plus tôt, et les attendent à La Villa des Beaux-Cyprès à Villefranche-sur-Mer. Le professeur Marrian et sa famille habitent Edimbourg, ils sont les grands amis des Drummond, et vont séjourner avec eux dans cette villa louée pour les vacances. Mais curieusement, lors du passage à Digne, alors qu'ils partent pour un séjour à Villefranche, les Drummond ont acheté des billets pour une course de vachettes qui doit se dérouler le 4, à Digne ! Alors, le 4 au matin, vers 6 heures, ils quittent leurs amis Marrian pour refaire en sens inverse les 121 km qu'ils avaient fait trois jours plus tôt, et retournent à Digne pour la course de vachettes. Avant de partir, ils les ont prévenu qu'ils ne seraient pas de retour le soir même, mais qu'ils [devaient dormir au bord de la route nationale], selon le témoignage de Valérie Marrian, fille du professeur. Nous entrons dans le vif du sujet, car il y aurait beaucoup à dire de l'intérêt que la famille Drummond porte à cette course de vachettes, qui va leur occasionner un aller-retour de 250 km, par l'itinéraire le plus court, dans des routes sinueuses, avec un véhicule des années cinquante. Ils sont installés sur la Côte d'Azur, ils ont loué une belle demeure pour profiter de la région, et il y a tout lieu de penser qu'ils ont sur place de nombreuses distractions à leur portée. Villefranche, située près de Nice et Monaco est, pour des gens du rang social des Drummond, d'un tout autre intérêt que Digne, qu'ils avaient déjà visitée. Ce retour de Villefranche à Digne soulève des interrogations. Madame Roland, patronne du Grand-Hôtel de Digne témoignera que c'est à la demande de la petite Elisabeth que les billets pour la course furent achetés. La question qui vient immédiatement à l'esprit est:

    - Même à la demande la fillette, est-ce-que les Drummond auraient acheté ces billets, s'ils n'avaient pas déjà su à ce moment là, (le 31 Juillet) qu'ils devaient revenir pour une raison éminente, dans les parages de Digne le 4 Août ?

    Un autre élément important de l'affaire va apparaître maintenant, le témoignage de Valérie Marrian est formel: [Avant de partir, ils nous avaient fait savoir qu'ils passeraient la nuit en bordure de la route nationale, il ne nous avaient pas dit l'endroit où ils devaient s'arrêter] Cette phrase aurait du éviter à beaucoup de journalistes ou écrivains de publier des thèses absurdes, certaines disant que la famille Drummond avait décidé spontanément de dormir à la belle étoile, pour profiter du clair de lune, d'autres affirmant que c'est à la demande de la fillette qui voulait à tout prix faire un bivouac, qu'ils auraient campé là cette nuit-là. Ces propos sont faux et mensongers, d'autant plus que Mme Roland témoignera aussi, qu'à aucun moment ils n'avaient annulé une éventuelle chambre à son hôtel, qui aurait été retenue pour cette nuit-là, mais qu'ils n'en n'avaient tout simplement jamais retenu. Le fait que la famille Drummond ait prévu par avance de passer la soirée du 4 au bord de la route nationale, à la belle étoile, est attesté et prouvé par le témoignage de V. Marrian. D'autre part, il est indispensable de disséquer ce témoignage.

    - On y apprend que les Drummond ont prévenu leurs amis qu'ils ne seront pas rentrés le soir même, ce qui est très normal.

    - Si les Drummond leur avaient dit qu'ils dormiraient à la belle étoile, dans un lieu qu'ils trouveraient, ou qu'ils avaient déjà repéré, cela aurait supposé qu'ils cherchent ou aient trouvé un lieu se prêtant particulièrement bien au camping familial, or ce n'est pas le cas.

    - Par contre, ils ont dit devoir [dormir en bordure de la route...] ce qui laisse à penser qu'ils connaissaient l'endroit où ils avaient prévu de s'arrêter. Qui se fixerait à l'avance un "objectif bord de nationale" pour camper tranquillement pendant ses vacances? Si ce lieu n'avait pas été déjà décidé, ils auraient dit à leurs amis quelque chose comme: nous trouverons un petit coin pour dormir à la belle étoile, sans forcément en dire plus, sans préciser au bord de la route nationale.

    -Il émane nettement que le lieu d'arrêt à Lurs, avait été choisi par avance, mais certainement pas par eux. Entre route à haute fréquentation et voie ferrée, cet endroit ne pouvait guère les séduire. Cette remarque étant faite, revenons à la journée du 4 Août.

    Donc, vers 6 heures, les Drummond prennent la route pour retourner à Digne, afin d'assister à la Charlotta, dans le langage local. Il font en sens inverse, le parcours de 121 km qui les avait amenés à Villefranche trois jours auparavant. Vers midi ils atteignent Digne, et c'est à 14 heures que Jack et sa fille récupèrent les billets chez Mme Roland. Peu d'élément relatifs à leur passage à Digne, sinon qu'ils se seraient [énormément amusés] à la Charlotta, au dire de certains témoins, mais qu'ils seraient [partis vers 18 heures] c'est à dire bien avant la fin, ce qui peut signifier, qu'ils avaient un horaire à respecter. Mme Bizot les voit à la terrasse du bar La Taverne, boulevard Gassendi, entre 18h30 et 19 heures.

    Ils quittent Digne-les-Bains en empruntant la nationale 85, mais en direction de Sisteron, (!) pour rejoindre 18 km après la D4, qui les emmène ensuite à la N96, et Lurs. La logique aurait voulu qu'ils quittent Digne par la N85, mais en direction de Grasse et Nice, pas de Sisteron, puisque c'est à Villefranche-sur-Mer qu'ils retournaient, et qu'ils devaient y être le lendemain à midi, pour retrouver leurs amis Marrian dans un restaurant du port. Lorsque l'on considère les conditions de trafic de l'époque, le trajet normal de Digne à Villefranche, par l'itinéraire le plus court justifiait déjà un départ de très bonne heure le matin, pour arriver assez tôt et avoir le temps de rafraîchir un peu leur présentation. Même en vacances, des gens comme les Drummond n'arrivent au restaurant après une nuit de bivouac, sans faire un minimum de toilette, sans se changer un peu. Au lieu de cela, ils quittent Digne en prenant la direction opposée à l'endroit où ils doivent se rendre: le lieu de leur "campement", non seulement n'est pas  sur leur chemin de retour, mais va leur valoir un détour de 88 km par l'itinéraire le plus court, et de 120 km par l'itinéraire du Val de Durance qu'ils amorcent en allant de ce côté-là. M. le juge Carrias a écrit superbement: [Après le spectacle, ils reprirent la direction de Villefranche par la vallée de la Durance...] M. le juge, lorsque l'on est à Digne, la vallée de la Durance n'est pas du tout la direction de Villefranche ! J'aurais plutôt fait remarquer à mon lecteur qu'ils avaient curieusement pris la direction opposée à celle de Villefranche.

    Le lieu où ils devaient passer la nuit n'est pas sur leur chemin de retour, mais ils l'auraient choisi malgré le détour occasionnant 120 km supplémentaires, alors qu'ils étaient très pressés de regagner la région niçoise ? Ceci est totalement incompréhensible, même s'ils avaient voulu faire du camping, ils auraient pu repérer de nombreux endroits beaucoup plus adéquats, sur le chemin le plus court, puisqu'ils l'avaient emprunté à au moins deux reprises: pour aller à Villefranche et pour revenir à Digne. Il faut préciser que l'endroit où ils se sont arrêté à Lurs, n'a rien de propice au camping familial, mais au contraire, se situe au point fort du trafic, et surtout à un endroit très repérable, proche d'un carrefour de régions et de l'intersection de deux grands axes: Marseille-Grenoble et Nice-Gap-Valence.


    UN BIVOUAC ?


    Le lundi 4 Août, c'est à partir de 19h30 que plusieurs automobilistes, camionneurs et cyclistes remarquent la Hillman vert-amande stationnée au bord de la la N96, à 165 mètres de La Grand-Terre, sur la commune de Lurs. La voiture est garée dans l'herbe, parallèlement à la route, et curieusement, très prés du bord de la chaussée. Il est paradoxal de garer une voiture si près de la route nationale, quand on envisage de dormir à l'intérieur, ou proche de celle-ci. N'importe quelle personne qui aurait envisagé de passer la nuit en ce lieu, aurait garé son véhicule beaucoup plus à l'intérieur du terrain herbeux, ou même sur le chemin partant vers le pont, afin d'être un peu plus à l'écart du passage. En voyant de quelle façon les Drummond se sont installés, on ne pense pas du tout à un campement prévu pour une nuit entière. Il a été publié beaucoup de bêtises à ce sujet, certains affirmant qu'ils étaient équipés comme des campeurs habituels, c'est complètement faux, ils n'ont pas de tente, aucun témoins n'en a vu et il n'en fut pas retrouvé sur les lieux, ils n'ont pas de table de camping. L'inventaire laisse apparaître qu'ils n'avaient pour le camping, qu'un jeu de couverts rudimentaires et deux lits de camp. En guise de campement, ils ont tout juste posé ces lits de camp dans l'herbe, de quoi se reposer deux ou trois heures avant de reprendre la route. Cette famille avait l'habitude de descendre à l'hôtel durant tout ses voyages, et depuis leur départ d'Angleterre, ils avaient dormi à l'hôtel dans la région parisienne, à Reims, à Aix-les-Bains, à Digne-les Bains, et dans la villa louée à Villefranche-sur-Mer.

    Les lieux de la tragédie sont composés d'un bord de route gravillonné, à peine plus large que la Hillman. Ce bord de route est adjacent à un talus triangulaire aux hautes herbes, à partir duquel descend vers l'Est, un chemin rural aux cailloux acérés, empruntant un pont sur la voie ferrée Grenoble-Veynes-Marseille, et allant ensuite vers les rives de la Durance. Ce terrain appartient en grande partie au Service Départemental des Ponts et Chaussées, et non pas à Gaston Dominici comme cela fut si souvent prétendu. Ces lieux sont extrêmement exigus. Sur le bord de la route, autour de la voiture, il n'y a que très peu de place, demeurer à cet endroit-là était même très dangereux quand on considère son étroitesse: 2,00 mètres serrés entre une route nationale fréquentée et un terrain herbeux chaotique, où il est difficile de marcher. Cet endroit permettait tout au plus une pause pipi, ou de s'arrêter pour consulter une carte routière, mais en aucun cas de pic-niquer, encore moins de camper, et surtout pas de s'attarder une nuit entière. Le chemin descendant vers la Durance, guère plus pratique, aurait tout de même offert aux Drummond un minimum de sécurité, s'ils avaient eu l'intention de camper sur leur trajet de retour, sans parler des nombreux autres lieux dans les parages, bien plus adéquats pour le camping.

    En fait, on constate qu'à l'endroit où leur voiture est stationnée, elle est très visible de la route, on lit très facilement sa plaque d'immatriculation: NNK 686. Si quelqu'un avait son signalement et doive venir retrouver les Drummond, il la repèrerait du premier coup et pourrait ainsi s'arrêter tout proche d'elle, sans la moindre chance de la manquer. il suffit, pour se faire une idée de cela, de compter le nombre impressionnant d'automobilistes ou de camionneurs passés cette nuit là, qui ont témoigné pour avoir remarqué la Hillman et son immatriculation étrangère, et qui s'en sont souvenus, même en ne sachant pas d'avance qu'ils auraient à témoigner.

    Non, à Lurs les Drummond se sont arrêté pour passer la soirée seulement, et non pas la nuit comme il a toujours été prétendu. cela leur permettait de rouler vers Nice durant une partie de la nuit, et d'être là-bas assez tôt pour se reposer et se préparer pour le restaurant du Mardi midi.

    A partir de l'instant où la famille Anglaise s'est installée, et concernant la soirée, un certain nombre de témoignages sont là, nous les verrons en détail plus loin. Ces témoins ont vu Jack, Ann et Elisabeth prendre leur repas à même le sol, entre 20 heures et 20 heures 45. Ils ont vu aussi d'autres voitures s'arrêter pour de courtes pauses. La nationale 96 est un axe important, nous sommes au cœur de l'été, et la fête de la lavande bat son plein à Digne qui a vu cette année son premier corso. Il n'y a pas de doute qu'en cette soirée du 4 Août, et même tard dans la nuit, la circulation y sera conséquente. Profitons de cette halte à Lurs pour éclairer la thèse de la deuxième Hillman, sans entrer dans le détail, cela n'en vaudrait pas la peine. Les spécialistes de cette affaire ont lu qu'une deuxième Hillman aurait été aperçue sur la route de Ganagobie. Cette version n'est étayée que par le récit rapide qu'en ont fait certains écrivains, il n'existe rien, ni témoignage sérieux ni document permettant d'accréditer d'aucune façon cette thèse. Ceci étant précisé, il est possible que Jack ait emprunté la route de Ganagobie avec sa Hillman, avant d'arriver à La Grand-Terre, voulant profiter de son passage pour voir le prieuré, si c'est le cas, il aura du faire demi-tour en raison des travaux qui barraient la route à cette époque. Mais il ne s'agirait pas là d'une deuxième Hillman.


    PLUS TARD DANS LA SOIREE.


    Voisins les plus proches de l'endroit où se sont installés les Drummond, les Dominici, n'ont a plus besoin d'être présentés maintenant, mais pour ceux qui découvriraient maintenant cette affaire, il est normal d'expliquer un minimum.  Gaston et Marie Dominici sont les grands-parents, dans leur ferme vivent leur fils Gustave et son épouse, ainsi-que leurs enfants très jeunes au moment des faits, leur domaine s'appelle "La Grand-Terre". Ce sont des cultivateurs, devenus propriétaires de leur terres et de leur maison par leur travail. Peu lettré certes, Gaston à la culture qu'avaient les paysans de son temps, de sa condition, ni plus ni moins. Giono le décrit, abusivement à mon avis, comme une créature mi homme-mi animal, parce-que lui, l'écrivain, possède de grandes facultés linguistiques, alors bien sûr, quand il entend parler Gaston, ce n'est pas le même verbiage. Mon âge ne me permet pas d'avoir rencontré Gaston Dominici, je suis né deux ans avant sa mort, mais j'avais un grand-père paysan qui parlait un genre de dialecte, plus que le bon français, et j'ai pourtant trouvé auprès de lui une intelligence prenant la forme d'une sagesse, il n'était pas instruit, pas lettré, mais l'intelligence et l'instruction sont deux choses différentes. Il ne faut pas trop se laisser influencer par tout ce qui a été écrit sur l'affaire Dominici, je peux vous dire, cher lecteur, que toutes ces années passées à la comprendre, à la cerner, m'ont démontré que très peu d'écrits à son sujet son vrais. L'écrasante majorité des écrivains ou journalistes qui ont rédigé des articles ou des livres sur ce sujet, se sont basé sur des on-dit, des racontars. D'ailleurs, s'ils avaient été bien inspirés, ils auraient découvert la vérité. C'est le problème majeur de cette affaire: elle a été ruinée par les écrits qu'elle a suscité. Giono n'a rien su de plus que les autres, et a beaucoup écrit pour ne rien y ajouter, décidément son vrai talent c'est le roman! Revenons à la journée du 4 Août 1952.

    C'est vers 21 heures que Gustave Dominici passe à proximité des Drummond. Il vient de travailler un moment à déblayer la terre de son champ, qu'un éboulement à répandu sur la voie ferrée, en contrebas de leur "campement". Il part informer M. Faustin Roure, travaillant pour le chemin de fer en qualité de chef d'équipe, de l'état dans lequel se trouve la voie. Un canal alimenté en eau par la Durance serpente dans la campagne, et passe proche des terres des Dominici. Les paysans manœuvrent à leur tour les vannes pour irriguer leurs cultures. Ce Lundi, une vanne défectueuse à laissé passer trop d'eau, et la Luzerne à glissé sur les rails, risquant de perturber le trafic. Les Dominici seraient tenus pour responsables si les trains ne passaient plus, ils risqueraient de fortes amendes, et ne veulent pas que leur propre terre stoppe le trafic. Il va sans dire que les hommes de cette famille sont sur la brèche le 4 Août au soir, prêts à intervenir à tout moment, peut-être même avec l'aide de Roger Perrin, 16 ans, petit-fils de Gaston, ou de Paul Maillet le voisin et ami de toujours. Il va sans dire aussi, que leur sommeil sera plus que léger la nuit qui vient, peut-être même qu'ils ne se coucheront pas, ou veilleront à tour de rôle, sachant qu'à tout moment l'éboulement peut reprendre et obstruer la voie. Cet éboulement revêt donc une très grande importance dans l'affaire, car il désintègre les témoignages des habitants de La Grand-Terre. Les récits de la nuit qu'ont fait Yvette, Gustave et Gaston sont faux, et ont contribué à tromper les enquêteurs, qui ont cru que leur mensonges prouvaient leur implication dans le triple meurtre. Nous verrons bien sûr les raisons éminentes qui les ont poussé à faire ces faux témoignages. Des mensonges dans un témoignage transforment vite le témoin en suspect, et de suspect à coupable, un rien s'en faut... Ils ont menti, oui, mais cela ne fait pas d'eux des assassins...

    Ce blog est en cours de rédaction. Un paragraphe traitant de l'activité des Dominici en cette nuit, va être ajouté ici après la publication de leurs témoignages dans la rubrique à cet effet.

    La suite de la soirée se passe calmement, sans que rien de notoire arrive. Des automobilistes verront le campement à diverses reprises, avec un éclairage décroissant avec l'heure, et même au début de la nuit qu'illumine une puissante pleine lune, décrite alors comme [extraordinairement claire.] Il faut s'arrêter un instant sur le "campement" de la famille Drummond, entre le début de la nuit et le moment tragique. Nous avons déjà parlé de l'endroit très spécial pour un bivouac familial, mais il faut rajouter à cela que l'attitude de Jack ne fait penser en rien à celle d'un touriste paisible, qui se relaxerait, se détendrait en famille, comme il serait normal lors d'une nuit de camping pendant des vacances. Au contraire, il sera aperçu très proche de la route, ou assis sur le marchepied de sa voiture, en train de regarder la route, délaissant le côté orienté vers la Durance, qui aurait offert à des touristes beaucoup plus de calme et de repos. Pour illustrer cela, voici quelques extraits de dépositions qu'ont fait certains témoins. Vers 23h15 Monsieur Aude Arnaud, vendeur de fruits et légumes à Château-Arnoux remarque [une voiture étrangère stationnée sur le bord de la route et un homme assis par terre derrière le véhicule...] Vers 23h30, Monsieur Joseph Juliany, chauffeur de cars, est passé à la hauteur de la Hillman: [le capot de la voiture était soulevé. J'ai remarqué la silhouette d'un homme penché sur le moteur. L'homme me parut de grande taille...] A 23h55, Monsieur Henri Chastel d' Orpierre passe à son tour: [ je revenais de Marseille. Je suis passé à La Grand-Terre vers minuit moins cinq. Il y avait un clair de lune. J'ai vu une voiture arrêtée près de La Grand-Terre. Il y avait quelqu'un à côté de la voiture. Il avait l'air de se pencher pour regarder à l'intérieur de la voiture...]

    Dans les faits constatés, écrits, photographiés ou autres, les Drummond arrêtés au bord de la route à Lurs, ne peuvent pas être pris pour des touristes faisant du camping, aucun des témoins ne relate de similitude avec des campeurs. Tout sonne faux:


    - La vraie raison de leur retour sur Digne: une course de vachettes ?

    - Leur timing: ils n'ont que très peu de temps.

    - Le lieu choisi: à l'opposé de leur destination.

    - Le manque évident d'équipement: ni table de camping, ni tente, nuits à l'hôtel systématiquement.


    Jack Drummond était dans l'attente de quelqu'un qui devait arriver par la route, et c'est pour cette raison qu'il avait garé sa voiture si près de celle-ci, et qu'il veillait, non pas comme la logique l'aurait voulu, c'est à dire auprès de son épouse, mais à plusieurs mètres d'elle, hors de son lit de camp, et toujours du côté de la route nationale. Il faut dire les choses en vérité: le "camping" des Drummond à Lurs n'émane d'aucuns des témoins, mais il est une pure élucubration des journalistes et badauds qui envahirent les lieux le premier jour, toujours en manque de renseignements. Les indices étaient rares dans ces crimes là, les relevés, traces et empreintes inexistants. Il fallait bien écrire quelque chose, alors...


    D'autres témoins nocturnes ont déposé, certains sont passé à la hauteur de la Hillman à quelques minutes de la tuerie, nous verrons bien sûr leur témoignages dans la rubrique "témoignages et analyses".


    AU PETIT MATIN.


    " Devant les corps de Sir et Lady Drummond, je n'avais eu quelques minutes plus tôt, qu'une réaction professionnelle, des victimes d'un crime comme tant d'autres !

    Mais penché au-dessus de cette petite fille massacrée, j'étais bouleversé. C'est à cet instant que je me suis juré de retrouver son assassin "

    Edmond Sébeille


    Ce 5 Août 1952, il est environ 6 heures et demie, Gustave Dominici est au bord de la nationale 96. Il intercepte un homme à moto, et lui dit qu'il vient de découvrir un cadavre en allant vérifier l'état d'un éboulement. Il lui demande d'aller prévenir les gendarmes. L'homme à moto, Jean-Marie Olivier, fonce vers Oraison ou il arrive à 7 heures, frappe aux volets de la gendarmerie encore fermée, et donne le message de Gustave au planton. Une demie-heure après, les gendarmes de La Brillanne-Oraison arrivent sur les lieux, renforcés peu après par ceux de Forcalquier. Une première constatation: il y a trois cadavres.

    - Le premier, signalé par Gustave à Olivier, est celui d'une fillette vêtue d'un pyjama bleu clair, étendue dans l'herbe, les pieds nus, mais surtout, ayant la tête marquée par des coups. Du sang s'écoule de ses narines et de ses oreilles, et deux énormes cicatrices impriment un V sur son front. Ce visage a marqué pour toujours ceux qui ont eu l'occasion de le voir. Un journaliste de La Marseillaise très tôt sur les lieux écrivit: [ La tête n'est plus qu'un effroyable magma et ses mains esquissaient encore un dernier et impuissant geste de protection. ] C'est en voyant ce visage que le commissaire Sébeille prononça sa célèbre phrase, se jurant de retrouver l'auteur du crime. Le corps de la petite Elisabeth est ainsi retrouvé à mi-pente d'un talus, en direction de la Durance, au-delà du petit pont sur la voie ferrée. Je laisse la parole au docteur Dragon qui examina les cadavres et rédigea un rapport dont voici des extraits:

    [La petite Elisabeth était étendue comme un enfant qui dort, tranquillement. Sur son front, elle portait deux énormes balafres et son sang coulait par le nez et les oreilles. Elle avait le crâne fracassé. Je n'ai relevé aucune trace de violences sur son corps ni de blessures aux pieds.]...[Au palpé de son cuir chevelu, pas d'autres plaies, mais une sensation en palpant la tête de malaxer un sac de noix. La tête devait reposer sur un plan dur pour avoir broyé le crâne comme il l'était.]...[De larges blessures fronto-pariétales bilatérales, très peu de sang sur les vêtements, sur le visage et dans les cheveux, étant donnée l'importance des deux plaies, qui comme toutes les plaies de ces régions saignent abondamment. Je n'ai pas remarqué de sang, ni sous la tête, ni sous le corps, sauf un mince filet qui coulait des narines et des oreilles.]...[Je l'ai trouvée couchée sur le dos, les jambes allongées, les bras reposant le long du corps. Les pieds nus ne portaient aucune trace de poussière, ni d'excoriation, j'en conclus que la fillette n'a pas couru.]

    Elle n'a pas couru, elle a donc été transportée à cet endroit après avoir reçu les plus gros coups. Cela semble confirmé par la grande quantité de sang retrouvée près du puisard, derrière la voiture, et l'absence de sang à l'endroit où elle fût retrouvée, malgré les gros saignements des régions fronto-pariétales desquels parle le docteur Dragon. Voici une remarque importante: La quasi-totalité de ceux qui ont publié quelque-chose ou bien joué un rôle dans cette affaire: historiens, journalistes, criminologues et même les commissaires Constants, Sébeille ou Chenevier, ainsi-que le juge Carrias, sont en contradiction totale avec les constatations du docteur Dragon. Tous ont affirmé que la fillette avait couru sur le chemin pour échapper à son assassin, mais c'est totalement faux.

    - Le second cadavre est tout proche de la voiture, il est recouvert d'une couverture écossaise. C'est celui de Ann Drummond. Elle porte une robe rouge à fleurs, allongée sur le ventre, les pieds nus, elle est blessée à la poitrine. Elle est entourée de leurs affaires qui ont été éparpillées hors de la voiture, où règne un désordre exceptionnel. Sa robe est relevée jusqu'aux hanches. On l'a sans doute fouillée. Je cite notre journaliste: [son visage déjà violacé exprime la terreur.] Son lit de camp n'a aucune tache de sang.

    - Le troisième cadavre est retrouvé au bord de la route, mais de l'autre côté. Sir Jack Drummond est allongé sur le côté. Sur certaines photos il apparaît couché sur le dos, c'est parce qu'il a été bougé par le docteur Dragon. Il est blessé à la poitrine et à la main. Il est vêtu d'un pantalon de toile et d'un tricot de peau bleu. Son corps recouvert d'un lit de camp, est proche de la borne kilométrique 32, indiquant au voyageur que Manosque est à 21 km et Sisteron à 30. La position du corps soulève les interrogations suivantes: à qui est le sang abondamment retrouvé près du regard d'écoulement des eaux, appelé aussi le puisard, du côté du campement ? Et si c'était le sang de Jack, comment aurait-il pu perdre autant de sang avant de traverser la nationale ? Je redis la question autrement: pourquoi Jack aurait cru bon de devoir traverser la nationale après être resté un certain temps du côté du campement en train de saigner ? ce qui engendre encore une question: comment aurait-il eu la force de traverser la nationale avec si peu de sang dans les veines ? Il faut rappeler que près du puisard, la flaque de sang avait imbibé le sol sur au moins trois centimètres d'épaisseur. L'autopsie révéla que Jack avait la vessie vide. La seule logique est qu'il ait traversé la nationale pour satisfaire un besoin, et qu'il ait été abattu juste comme il allait retraverser pour revenir du côté du campement. Il s'est trouvé en face du tireur, il a fait demi-tour par réflexe, il a reçu les balles dans le dos, ce qui fut vérifié à l'autopsie, il est tombé sur le bas-côté opposé au campement, où il se trouvait. Des éclats de sang, en petite quantité ont étés retrouvés sur la partie de la route opposée au campement, près du bord où il gisait, et ce sang là est vraisemblablement celui de Jack,  mais certainement pas celui du puisard qui a toutes les chances d'être celui de la fillette assommée dans ce secteur, transportée ensuite sur le talus, où l'on ne retrouva pas de sang.

    La voiture, une Hillman Minx vert amande n'a aucun impact de balle, et ne portent que les empreintes de la famille Drummond, à l'exclusion de toute autre personne. A l'extrémité gauche du pare-choc, est collé un lambeau de chair de deux centimètres environ, personne n'a jamais su s'il résulte d'une blessure faite pendant le meurtre, l'autopsie n'en fît pas état, on n'a jamais su s'il avait un lien avec la blessure que Jack avait à la main. Ce lambeau de chair peut très bien provenir de l'assassin qui se serait blessé en ouvrant la voiture pour mettre le désordre. A l'intérieur: des habits, une valise en osier, des pantoufles, tout en pagaille. Toutes les portes sont fermées à clef, à l'exception du hayon dans la serrure duquel la clef est engagée. M. Lucien Hénot, expert en automobile dira à la reconstitution et au procès: [Le coffre arrière s'ouvre en se rabattant sur le pare-choc. Lorsque le battant arrière gauche est fermé de l'extérieur, si on veut ouvrir les portes arrières de la voiture, on ne peut le faire que de l'extérieur. il n'est pas en effet possible d'ouvrir cette porte de l'intérieur de la voiture. La porte arrière ferme à clef. Il n'y a pas de dispositions spéciales de sûreté. La voiture que vous me présentez correspond exactement à celle des Drummond.]

    Il était donc absolument impossible à quelqu'un de sortir de la voiture tout seul par le hayon, et les autres portes étant fermées à clef, la fillette n'a pas pu s'échapper de la voiture comme cela a si souvent été  dit. Je le disais au début, plus on avance dans cette affaire, plus on s'aperçoit que fort-peu de choses dites ou écrites à son sujet sont vraies. Une autre chose du même genre: Elisabeth dormait-elle dans la voiture ? Les thèses, unanimement répondent par l'affirmative, comme si c'était une certitude absolue. Non seulement rien ne peut attester cela, mais c'est à mon avis peu probable. Je ne veux pas faire de l'opposition systématique, mais est-il envisageable que ses parents l'aient isolé dans la voiture, dans un lieu qui lui était aussi peu familier ? C'est possible, mais pour ma part je ne le pense pas. Dans tout les cas, on ne peut pas être affirmatif sur ce point comme c'est le cas depuis soixante ans.

    Il fut retrouvé près de la voie ferrée une balle qui, au passage laissa un impact dans le parapet droit du pont. Je veux faire une importante rectification quant à ce qui est fréquemment avancé à son sujet. Tout le monde dit que cette balle était destinée à Elisabeth fuyant sur le chemin, c'est impossible. Outre le fait que la fillette n'a jamais couru sur ce chemin comme cela est démontré plus haut, si elle avait vraiment pris la fuite, elle ne serait pas venue en ligne droite du campement au pont, car elle aurait du franchir un cahot totalisant 1,60 mètre de dénivelé où il était absolument impossible de courir, même y marcher s'avérait difficile, mais elle aurait du obligatoirement regagner le chemin à un maximum de 12 mètres de la route. Il suffit de regarder l'illustration dans la rubrique "éléments techniques" au bas de la page "Les lieux  le 5 Août à 8h00", pour s'en rendre compte de façon évidente. La balle qui heurta le pont était dans la direction de Mme Drummond, lorsque le tireur était derrière la Hillman, et que Mme Drummond avançait de son lit de camp à l'arrière de cette voiture pour interpeler son mari qui avait traversé la route, alors qu'elle présentait un danger. Il est plus probable que la mère se soit levée d'abord, affolée par des bruits suspects, et que sa fille ne se soit réveillée qu'au moment des coups de feu. Le tueur visa la mère avant la fille car, seule la mère était visible, la fille étant endormie et couchée. Ann, n'était certainement pas endormie. Reprenons... Ils étaient venus là pour attendre un rendez-vous. Ils étaient venus tôt, sans doute parce-que le rendez-vous était fixé assez tôt, sinon pourquoi ? Si le rendez-vous avait du arriver dans la nuit, pourquoi ne seraient-ils pas restés plus longtemps à Digne, où ils avaient la possibilité de dîner ou se reposer dans de meilleures conditions, comme à leur habitude ? Pourquoi seraient-ils venus des heures à l'avance dans un lieu où il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre ? Ils étaient à cet endroit depuis au moins cinq heures, le rendez-vous tardait, il y a un nombre infini de chances que Ann Drummond, à une heure du matin, soit angoissée, sinon en grand souci quant-au retard immense de leur rendez-vous. Ceci n'est pas de l'ordre de la preuve, non bien-sûr, mais de la pure et réelle logique. Si Ann était endormie dans de telles circonstances, on est vraiment en droit de se poser la question: comment avait-elle pu arriver à trouver le sommeil ?


    L'APRES-MIDI.


    Sur l'ordonnance du juge Perriès, les trois cadavres ont été transportés à la morgue de l'hôpital de Forcalquier à 15 heures. Il est impossible de savoir si le commissaire Sébeille a vu les corps sur les lieux tragiques, ou bien s'il les a découvert à la morgue. Lui, prétendit être arrivé à Lurs à 13h30, mais il est en contradiction avec beaucoup d'autres témoins. (La citation arrive) Certains prétendent qu'il serait arrivé à 16h00. Nous ne saurons jamais la vérité à ce sujet, et cela n'a pas un grand intérêt. De toutes façons, je fais état des faits et constats uniquement pour que vous ayez une vision beaucoup plus juste de cette affaire, comme je le précisais dans la rubrique Accueil, car il fallait, avant d'aller plus loin, rectifier un bon nombre de choses. Que Sébeille ait vu les corps en position ou à la morgue, il n'a pas réussi à percer le mystère de leur mort parce-qu-il n 'a cherché qu'à Lurs, et non pas dans la carrière de Sir Jack Drummond... On sait aussi que l'arme des crimes a été retrouvée dans un trou d'eau de la Durance, un peu en aval de l'endroit où gisait Elisabeth. Ce sont les inspecteurs Ranchin et Culioli qui la découvrirent vers 19h00. Il s'agit d'une carabine USM1 de marque Rock-Ola, calibre 30, la crosse arrachée du canon et en plusieurs morceaux. Un éclat de celle-ci fut retrouvé sous la tête d'Elisabeth, tout converge vers le fait qu'elle ait été assommée avec cette carabine. Voilà ce que l'on peut dire des faits survenus le 5 Août 1952, à Lurs, sans basculer dans la dérive. Très peu d'indices sur le terrain. Même s'il n'en fût qu'un seul, il fût perdu le matin même, dans l'invasion des lieux par les badauds.


    POUR CONCLURE CE CHAPITRE.


    La seule logique possible pour avancer objectivement vers une solution, n'était pas de mesurer, de relever des empreintes ou autres traces de chaussures, mais de réfléchir à ce que pouvaient bien faire ces Anglais au bord de la nationale en pleine nuit, ce qui amenait immanquablement au rendez-vous. Le fait que le rendez-vous ne se soit jamais manifesté après les meurtres, pour aider les enquêteurs, pouvait faire comprendre que ce même rendez-vous pouvait s'être transformé en guet-apens mortel. Loin de moi l'idée que Jack Drummond ait été agent secret ou espion, loin de moi la thèse de William Reymond et son mythomane de Bartowsky: une absurdité en long et en large! Mais le rendez-vous nocturne ne concerne pas que le domaine de l'espionnage, un homme comme Drummond avait une infinité de raison d'avoir rendez-vous avec une connaissance à lui dans la soirée. Il n'aurait pas du attendre jusqu'à une heure du matin c'est tout. Il n'a pas songé qu'en ne respectant pas l'heure annoncée, son rendez-vous poursuivait un autre but que celui qu'ils avaient fixé ensemble...


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires